Récit : les difficultés et les iniquités d’une rupture

Une femme vivant à Fougères a l’impression de subir les conséquences injustes de sa rupture. Elle partage son histoire pour mettre en lumière les injustices qu’elle endure.

Cette résidente de Fougères expose les injustices qu’elle a dû affronter suite à sa séparation.

Il y a deux types de séparations. Certaines se déroulent de manière cordiale, et il y a les autres. Sandrine*, de Fougères (Ille-et-Vilaine), appartient malheureusement à ce deuxième groupe.

Elle s’exprime non pas pour se venger de son ex-mari, mais pour exposer une réalité : « En tant que femme, on subit les conséquences d’une séparation. C’est très inéquitable. »

En 2022, son couple traverse une période difficile. Après plusieurs mois de cohabitation éprouvante avec son mari, elle quitte leur domicile, emmenant avec elle leurs deux enfants car le père ne souhaite plus les voir.

Il m’avait prévenu : si tu pars, je ne veux plus voir les enfants. C’est exactement ce qu’il a fait. Je dois donc gérer seule, les élever, les habiller, les nourrir, payer leurs loisirs.

Responsable des factures, de la maison, des dépenses… Pour Sandrine, franchir le seuil de leur maison a été comme un parcours du combattant.

Premier obstacle : trouver un logement convenable pour se reconstruire et élever les enfants. Il lui a fallu plus de trois mois pour y parvenir. « Malgré mon CDI, c’était très difficile de convaincre des propriétaires, car je ne gagne pas trois fois le loyer et je n’avais pas de garants. »

S’ajoute à cela des difficultés financières. Tant que leur maison n’était pas vendue, elle a dû, en plus de son loyer, payer sa part des mensualités et des factures. Le divorce n’étant pas encore prononcé, elle est longtemps restée solidaire des dettes de son mari et de « son train de vie onéreux ».

Pour Sandrine, cela représentait jusqu’à 1600 € à débourser chaque mois.

Heureusement, je gagne assez pour subvenir à mes besoins et j’ai pu compter sur l’aide financière et morale de mes proches. Je me demande comment font celles qui n’ont pas ces soutiens et une moins bonne situation lorsqu’elles décident de quitter quelqu’un. De nombreuses femmes doivent y renoncer.

Une fois leur maison vendue, Sandrine s’est engagée dans des démarches juridiques pour faire respecter ses droits. « J’ai dû passer par la justice, car un accord à l’amiable n’était pas possible. »

Elle a demandé la mise en place d’un système de garde, une pension alimentaire et que l’autorité parentale soit partagée. Rien d’extravagant. Mais même cela a été compliqué et coûteux.

Comme son ex-mari ne lui a pas communiqué son adresse, elle a dû payer un huissier (70 €) pour lui envoyer la convocation devant le juge aux affaires familiales (JAF). Elle a également payé pour une

consultation avec un avocat (70 €) qui lui a recommandé de ne pas le retenir : « Il m’a conseillé que, comme je n’étais pas éligible à l’aide juridique, je ferais mieux de me défendre seule pour éviter des frais élevés. »

« Si la justice ne lui rappelle pas ses obligations, qui le fera ? » Le jour de l’audience, le père était absent. Il a néanmoins été condamné à lui verser une pension (qu’il n’a pas encore honorée quatre mois après le jugement) et à la rembourser des frais qu’elle a dû engager… Cependant, c’est à elle de payer un huissier pour lui notifier cette décision. « Au final, je suis toujours perdante financièrement, » déplore Sandrine, qui trouve illogique que tout soit si compliqué. « J’ai des droits et je ne comprends pas pourquoi je dois payer pour les faire respecter. »

Plus que tout, elle ne comprend pas « pourquoi l’autorité ne rappelle pas ses obligations » au père.

Il a reconnu ses enfants. Mais, depuis que nous sommes séparés, il n’assume aucune de ses responsabilités. Si la justice ne lui rappelle pas ses obligations, qui le fera ? Ses proches ? Mais ça n’a pas le même impact.

Elle est convaincue que pour améliorer la situation, « il faut traiter ce point précis : la responsabilité du père. »

« C’est bien vous qui avez choisi le père de vos enfants, n’est-ce pas ? » Sandrine se souvient d’une autre remarque douloureuse faite lors de l’audience devant le JAF. « Elle m’a dit : mais madame, c’est bien vous qui avez choisi le père de vos enfants, n’est-ce pas ? » Choquée et blessée, elle ne s’attendait pas à subir ce genre de reproches. « Je m’attendais à de l’empathie, à de la compréhension, pas à recevoir une leçon de morale. Ça fait mal. »

En partageant son expérience, Sandrine souhaite « soutenir celles qui traversent la même épreuve » : « On ne se rend pas compte à quel point c’est difficile d’être seule avec ses enfants, en plus de subir des injustices croissantes. Il faut beaucoup de courage et d’énergie pour prendre la décision de se séparer. »

  • Le prénom a été changé.

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